Ecrit par Fred Delforge |
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dimanche, 07 février 2016
Athènes ?
(Salamah –
Inouïe Distribution – 2015)
Durée
47’03 – 8 Titres
http://www.schvedranne.org
L’un est auteur et donne dans la poésie
contemporaine, l’autre est musicien, machiniste et
compositeur et regarde plus ouvertement du côté
des musiques électroniques, autant dire que rien ou presque
ne prédisposait Gilles B. Vachon et Antoine Colonna
à une réalisation commune, d’autant que
l’un et l’autre ne sont pas issus de la
même génération … Et
pourtant, contre toute attente est né un jour
Schvédranne, la réunion de deux
opposés qui finalement ne
s’anéantissent pas mais au contraire se
complètent pour permettre à une œuvre
unique en son genre de voir le jour, une œuvre où
le dub ou la drum&bass habillent des poésies
intelligentes et soignées dans lesquelles il est question de
la vie, du passé et des expériences
d’un auteur qui transporte un certain bagage
derrière lui. De l’univers improbable qui se
détache de cet album, l’auditeur saisira
forcément une musique hypnotique et des accents
tantôt orientaux tantôt plus traditionnels qui
ponctuent des phrases déclamées avec une voix
chaude et colorée qui réinvente à sa
manière l’art des spoken words, du slam diront les
amateurs. Tranches de vie d’un poète qui a connu
la guerre, l’occupation et l’exil mais aussi les
voyages, « Athènes ? » est un parcours
à travers le monde et à travers le temps, une
chevauchée épique que l’on
réalise dans une sorte de vaisseau spatial imaginaire qui
agrémente le tout de ses sons, de ses vibrations, et qui
nous entraine vers « Haïti » ou vers
« Alger » en ne nous épargnant ni les
« Stupeur et tremblements », ni la «
Litanie du goudron », autant d’étapes
improbables, inattendues, insaisissables … mais tellement
épatantes que l’on n’en rate pas une
seule. Sélection du Printemps de Bourges,
Schvrédranne cultive avec une réelle
ingéniosité la force et la finesse,
l’organique et l’électronique, le
naturel et le culturel, et c’est avec la même
passion que le public tombe à chaque fois sous le charme de
deux personnages parfaitement droits dans leurs bottes et au moins
aussi à leur aise à la ville
qu’à la scène. Vous ne regarderez plus
jamais l’electro avec les mêmes yeux
après être passé par «
Athènes ? » !
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