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BLOOMING DISCORD pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mardi, 30 avril 2024
 

BLOOMING DISCORD

https://www.bloomingdiscord.com/ 
https://www.facebook.com/bloomingdiscord 
https://www.instagram.com/bloomingdiscord/ 

Blooming Discord, groupe de metal alternatif marseillais, a sorti il y a quelques semaines un excellent premier album, « Memories From The Future », qui vient après la parution de 2 EP en 2019 et 2021. Pour nous parler de cet opus et du groupe, nous avons rencontré Vincent et Samy. Un entretien dans la bonne humeur comme il se doit entre Marseillais ... C'était au Dr Feelgood Rocket à Paris !

Salut les gars. On va faire un peu connaissance, qui est Blooming Discord ?
Vincent : Blooming Discord est un groupe qui a été créé en 1995. On était potes et on voulait faire un groupe, tout simplement. Karim est arrivé après. A la base, on voulait faire du metal plus dans la veine Avenged Sevenfold. Nos deux premiers EP étaient plutôt dans ce style-là. Ensuite, le Covid est arrivé, et c'est là qu'on s'est mis sérieusement au travail pour composer notre album.
Samy : Voilà, on a profité de nos deux EP pour matcher au niveau des influences de ce qu'on voulait faire. Et surtout, on voulait vraiment créer une direction artistique. Alors, ça a pris un peu de temps. Depuis 2015 jusqu'à la sortie de l'album cette année. Sans compter le covid, cela a pris environ six ans pour qu'on se mette d'accord, en fonction de nos influences réciproques, pour aller vers notre musique actuelle.

Justement, comment vous définissez-vous musicalement ? Metal alternatif certes, mais j'ai l'impression que c'est plus large que ça ?
Vincent : On a choisi le metal alternatif, car justement, on ne savait pas trop comment définir le groupe. On parlait aussi de heavy metal, mais c'est pareil, c'est vaste aussi. Et puis le heavy, personnellement, ça représente plus le côté guitare solo et un petit côté old school. Et on voulait sortir un peu de cette image. On a des influences qui sont plus metalcore et le heavy ne représente plus vraiment le groupe.
Samy : En fait on a tous des influences très différentes dans le groupe. C'est peut-être pour ça que ça se ressent dans l'album. Et ces influences, on essaie de les apporter quand on compose.
Vincent : Le plus important, c'est qu'on fait ce que l'on aime. Et c'est bien qu'on ne soit pas catégorisé dans un seul style. Tu sais, à la base, je suis violoniste classique, dont rien à voir avec notre musique, mais c'est pour ça que j'aime écouter plein de choses différentes. Lui, il est DJ, donc vraiment des milieux musicaux totalement différents.

Vous avez produit deux EP avant ce premier album, vous vous cherchiez musicalement ou bien vous étiez déjà dans votre son actuel ?
Vincent : On se cherchait musicalement, notamment en termes de sons. Il faut savoir qu'on a tout appris ensemble. On partait vraiment de zéro. On n'avait jamais eu de groupes avant celui-là. On partait dans une direction un peu genre Tim Burton meet metal, un peu dissonant avec tout ce côté théâtral. Nos deux EP à la base devaient être un seul album. Un album concept où chaque titre devait être une partie de l'histoire. On était parti loin, trop loin (Rires). On a trouvé notre nom à cette période-là, car on aime ce côté paradoxal des choses. Blooming ça veut dire Floraison, donc floraison discordante et donc le côté paradoxal entre le beau et le "pas beau" (Rires).
Samy : Finalement, on a coupé en deux notre album-concept, car on voulait impérativement sortir quelque chose, et l'album entier nous aurait pris trop de temps. On voulait vraiment jouer et faire du live.

On reste dans le paradoxal avec ce titre pour l'album, « Memories From The Future », Mémoire du Futur ? Vous vous êtes projetés dans le futur et ça ne semble pas très réjouissant semble-t-il ?
Vincent : C'est exact. Les paroles sont très noires et très pessimistes. Et c'est un peu ce que l'on pense de notre avenir. Sur « Latch » par exemple, les paroles sont très tristes, mais sur une musique assez joyeuse finalement. On essaie, là aussi, de jouer sur ces paradoxes. Et peut-être que ça permet de faire passer des messages de façon un peu différente. On n'est pas obligé d'être tout le temps dans le sombre, le dark.
Samy : On est quand même assez optimistes dans le groupe. On aime bien ces contrastes. Stromae par exemple avec la chanson « Alors on danse » ou les paroles sont la dépression totale et la musique hyper entraînante.

Quels thèmes développez-vous sur cet album ?
Vincent : On parle d'amour, de dépression, de mondialisation avec la chanson « Memories From The Future » qui a donné le titre de l'album qui parle de l'évolution qui peut mettre en péril énormément de choses.

Qu'est-ce qui vous inspire pour l'écriture de vos textes ?
Vincent : Karim, qui écrit les textes, est une personne très philosophe dans sa réflexion. Il aime bien se poser des questions et essayer de trouver des réponses.
Samy : Nous, le reste du groupe, on est plus terre-à-terre. On aime bien laisser une libre imagination aux gens. On n'a jamais de réponse précise à apporter. Il n'y a pas forcément une seule fin à ce qu'on essaie de développer. Chacun peut y voir la fin qu'il veut. Karim, c'est plutôt la force tranquille. Il a une approche différente de nous. Il a ce côté plus poétique.

Comment travaillez-vous ?
Vincent : On n'a pas de leader, on prend tous des décisions. S'il y en a un qui n'est pas d'accord, on en parle et on essaie de le convaincre. On est cinq donc forcément, il y a des moments ou quelqu'un n'est pas d'accord.

Vous essayez de le convaincre "à la marseillaise" ?
Samy : Ca dépend des fois (Rires). On se connaît très très bien. Ça fait dix ans qu'on joue ensemble, qu'on se voit tout le temps. On est comme des frères. On sait lâcher prise à certains moments. On sait comment chacun va réagir selon ce que l'on dit ou que l'on propose. Au final, on se prend beaucoup moins la tête qu'avant.
Vincent : Pour ce qui est de la composition, on se voit une fois par semaine, voire plus. Mais très souvent, on arrive avec un projet ou une chanson déjà bien structurée. On arrive avec une chanson qu'on a fait nous-même et on la propose au groupe. À partir de là, on refait des arrangements, chacun apporte quelque chose, des petites modifications. On y réfléchit. On en discute. Mais généralement, on part déjà de bases solides. C'est plus facile que d'arriver avec zéro projet et de travailler les cinq en même temps juste sur un seul projet. On se nourrit finalement de ce que chacun va apporter dans les compos.

Vous ne vous retrouvez pas avec trop de matériels à la fin ? Car il faut faire des choix ensuite.
Vincent : C'est vrai que souvent il y a des choix à faire, mais l'union fait que ça se passe très bien. On choisit une direction et généralement, tout le monde suit cette direction.
Samy : On a toujours réussi à trouver et à faire les bons choix.

Quand vous composez, vous pensez à la scène ou pas forcément ?
Samy : Direct. Autant sur les EP précédents, pas forcément, mais cet album-là oui. On voulait vraiment faire un album taillé pour le live. On a quelques compos qui ont été retravaillées pour faire une bonne interaction avec le public. Tout est pensé pour la scène.
Vincent : C'est plus naturel en concert. On a vraiment la dynamique qu'on voulait. On a essayé de faire des choses simples et efficaces.
Samy : On est comme ça dans la vie. On aime bien faire la fête. Et on aime bien retransmettre cette énergie quand on est sur scène.
Vincent : C'est vrai qu'on a bien réfléchi pour cet album par rapport au live. C'est ça qui fait contraste avec nos deux EP. On était plus dans le fait de raconter une histoire, une musique narrative, donc pas forcément pensée pour la scène. On a fait des morceaux de sept minutes par exemple. On flirtait presque avec du prog. C'était plus de la musique qui s'écoute tranquille à la maison que devant une scène. Et pour la suite, on voudrait garder ce côté catchy, mais en ajoutant peut être ce côté narratif qu'on avait avant. Et « Memories From The Future » est le pont entre les deux.

Comme beaucoup d'autres groupes, c'est le confinement qui vous a permis de travailler plus en profondeur votre musique ?
Vincent : Je dirais presque que c'est tombé à pic puisque c'était le moment de réflexion sur ce qu'on voulait faire après les deux EP.
Samy : Ca nous a permis de prendre du temps pour se poser les bonnes questions sur la suite à donner à l'évolution musicale du groupe.
Vincent : Et puis ça a été une période un peu difficile, car notre batteur a quitté le groupe et on jouait même en live avec des samples de batterie. Et après ça, le confinement est arrivé, donc on a eu un moment de flottement quant à l'avenir du groupe.
Samy : C'est ça, on s'est demandé si on continuait, ou bien si on mettait la barre plus haut, qu'on évoluait vers quelque chose de plus relevé musicalement.

Vous avez enregistré chez Homeless Records, studio de Landmvrks, valeur montante du metal français, est-ce qu'on ne serait pas, enfin, serais-je tenté de dire, en train de vivre la naissance d'un vrai mouvement metal à Marseille ?
Vincent : Oui, je te confirme qu'il y a un mouvement, une effervescence dans le Sud de la France. Il y a beaucoup de groupes qui veulent faire les choses bien et qui s'en donnent les moyens surtout. Ce qui n'était peut-être pas le cas avant. Je pense que le public a besoin de passer dans des concerts, il y a plusieurs musiciens, des guitares, du rock énergique car la scène est principalement rap mais les choses bougent et évoluent vers d'autres styles de musique.
Samy : Je pense que le Covid a beaucoup joué là-dessus aussi. Les gens ont eu envie de voir de la musique en live, et surtout une grande diversité de styles. Et de ce fait, la qualité a progressé avec plus de groupes qui se donnent les moyens comme on disait juste avant. Il y a beaucoup de groupes locaux qui ont des qualités de dingues, avec une identité surtout.
Vincent : Tu prends l'exemple de Landmvrks. On est fier d'eux. Ils font des tournées mondiales, et je pense qu'ils tirent toute la communauté metal marseillaise et généralement du Sud vers le haut. Ça donne envie d'aller de plus en plus loin et surtout faire les choses de mieux en mieux.

Au-delà de ça, j'ai l'impression que c'est toute une nouvelle culture qui émerge. Avant il n'y avait que le foot et le rap, mais que ce soit dans la musique, dans les arts, la culture en général, Marseille sort de sa torpeur, enfin ?
Samy : oui, Marseille se réveille bien en ce moment. Landmvarks a lancé son festival au mois de mars à La Belle de Mai et c'était plein. Plein de groupes locaux, et c'était vraiment un gros événement à Marseille. On n'avait jamais vu ça avant.
Vincent : Il y a beaucoup de quartiers culturels dans la ville, dans tous les domaines. C'est vraiment très vivant. Et puis surtout, à Marseille, tu as plein de cultures différentes, mais le tout vit en harmonie. Chacun s'inspire des autres, avec beaucoup de respect. Et c'est hyper intéressant. On se rend compte que les gens aiment bien piocher dans les styles des autres et ça donne vraiment une identité particulière à la musique à Marseille.
Samy : C'est ça. On n'a plus les clivages où le métalleux n'écoute que du metal et le rappeur que du rap. Idem pour l'électro qui est bien présente aussi. C'est vraiment une mixité de tout ça. Même nous, on écoute de tout.

Justement en parlant art et visuel, la pochette de l'album est vraiment super belle. Qui en a eu l'idée ?
Samy : La pochette c'est Kevin Cavigioli, qui nous avait déjà fait le clip « Inner Evil ». Il a fait un travail incroyable. Alors pourquoi cette pochette ?
Vincent : On voulait vraiment représenter cette "floraison discordante" et on a essayé de faire un côté très chaleureux et très lumineux et le côté un peu sombre avec cet enfant qui est de dos, et qui regarde, un peu apeuré, une femme du genre Médusa qui sort d'un tableau. On est parti de cette idée-là. Et ça représente bien nos chansons comme on disait tout à l'heure, avec des paroles un peu dark sur une musique plus chaleureuse. C'est paradoxal jusqu'au bout.
Samy : On voulait une pochette un peu mystérieuse, où chacun peut avoir son interprétation.

On a une question rituelle pour terminer : quel est le dernier morceau ou le dernier album que vous avez écouté ?
Vincent : Alors moi, c'est le dernier album de While She Sleep. C'est mon groupe phare en ce moment.
Samy : Et moi, j'ai découvert le groupe Train Fantôme. Du rap metal hybride. Je me suis pris une grosse claque. Et j'écoutais ça encore ce matin. C'est très particulier, mais c'est énorme.

Merci les gars.
Samy : Mais de rien. Merci à toi !

Propos recueillis par Yann Charles